Les oscars 2022 se dérouleront dans la soirée de dimanche au Dolby Theatre de Los Angeles pour les professionnels hollywoodiens et sur la chaîne ABC pour les autres. Après la période de fermeture des cinémas, le secteur compte les points, d’autant que l’épidémie a accéléré des mutations avec désormais des modèles de sorties simultanées en salles et sur plateformes (comme peut le faire la Warner avec HBO +), ou des films exclusivement en streaming aussi bien sur Netflix qu’Amazon, Apple TV + ou d’autres. Le champ à considérer place donc le streaming, et plus que jamais, au cœur du jeu avec pas moins de 12 nominations pour The Power of the Dog de Jane Campion, film Netflix. En revanche, et en dépit d’une campagne active pour qu’il soit retenu par les votants de l’Académie, le plus gros succès de l’année, Spider-Man : No Way Home, qui a engrangé des centaines de millions de dollars, est persona non grata. Il peut escompter sur le prix du public par vote Twitter, initié cette année en guise de strapontin pour une industrie de la franchise et du pop-corn. Dix films se disputent la statuette la plus convoitée du meilleur film. On a retrouvé neuf articles correspondant à neuf films et rien sur Coda de Sian Heder, remake de la Famille Bélier, qu’on peut voir sur Apple TV et que nous n’avons pas (encore) traité…
«Belfast», de Kenneth Branagh: plan-plan séquences
Objet mièvre et sincère, le film, inspiré de l’enfance du réalisateur, coche toutes les cases attendues au risque de la banalité kitsch. S’il n’a aucune prétention à être un documentaire sur le début du conflit nord-irlandais en 1969 entre catholiques et protestants., le film est complètement en boucle sur de l’imagerie plus ou moins téléphonée, attendue, venue précisément du cinéma. Papa et maman sont beaux comme à Hollywood et se jettent de la vaisselle au visage en pleine dispute comme dans une scène de ménage de l’âge d’or des studios.
«Don’t Look Up» d’Adam McKay: catastrophe emballante
Une farce démesurée au casting délectable, qui crée une parfaite pagaille et met en scène des sommets d’imbécillité avant la fin du monde. Se délectant d’un casting mêlant deux écoles de jeu, acteurs épileptiques secoués de tics imperceptibles (team DiCaprio) vs acteurs du bon geste au tempo de métronome furieux (team Streep), le freak show dynamite tout lendemain radieux.

«Drive My Car» de Ryusuke Hamaguch, sauve qui pneu (la vie)
De l’habitacle quasi hanté d’une voiture rouge où deux inconnus se découvrent à une scène de théâtre polyglotte où les signes s’affolent, cette adaptation de Murakami, prix du scénario à Cannes, épouse mille idées et prend mille chemins vers une bouleversante limpidité.
«Dune» de Denis Villeneuve. morose des sables

Riche en images très froides et ouvragées, cette fresque monumentale, tiraillée entre son désir de coller au texte et son ambition grand public, ne laisse de place ni à l’ambiguïté ni à l’ésotérisme.
«La Méthode Williams», de Reinaldo Marcus Green: set à la maison

Le parcours entêté du père des tenniswomen Venus et Serena Williams, qui avait planifié leur réussite avant même leur naissance et a dû fermement batailler contre les préjugés pour porter ses filles au sommet.
«Licorice Pizza», de Paul Thomas Anderson: Lost Angeles
Situé à la lisière du Hollywood des années 70 dans lequel il a grandi, le film oscille entre l’histoire d’amour et d’amitié, entre le film sur tout et sur rien.
«Nightmare Alley», de Guillermo del Toro, fait plaisir à foire

Délice de créativité, cette féerie macabre s’attache aux pas d’un spirite charlatan sur le chemin de la déchéance. Comme les voyages, les embrassades entre amis ou les sorties en boîte, l’expérience d’un tel film au cinéma appartient à une catégorie de délices ordinaires que l’on tenait pour acquis dans le monde d’avant, à tort.
«West Side Story» de Steven Spielberg: le remake lui va comme un gang

Se mesurant à un classique du genre, dont il offre une relecture volontiers crépusculaire, le réalisateur américain signe à 74 ans sa première comédie musicale tout en envolées virtuoses et scènes d’anthologie, en dépit d’un casting masculin défaillant et de dialogues parfois naïfs.
«The Power of the Dog», de Jane Campion: un western par-delà le bien et le mâle

Avec son fascinant film diffusé sur Netflix, la grande cinéaste néo-zélandaise revisite les codes du genre dans un vaste drame des contrées perdues entre virilité torve et déchirements intérieurs. L’histoire est profondément celle d’une guerre entre une femme et un homme – psychologique, perverse, une affaire de martyres pour l’une comme pour l’autre. Ce qui rayonne dans les brisures de ce conflit, c’est bien la beauté ployée d’un portrait féminin, encore un, porté par la toujours divine Kirsten Dunst.
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Oscars 2022 : nos critiques des prétendants à la statuette du meilleur film