Le cinéma suisse d’animation, un art en plein essor

Si la plupart des productions suisses en animation sont des courts métrages, plus de 700 depuis les années 1920, on a souvent pointé du doigt le peu de longs métrages helvétiques (14 longs métrages d’animation ont été produits en Suisse depuis 1988, selon les chiffres de l’OFS).

Le succès de “Ma vie de Courgette” sorti en 2016 a changé la donne. Il a permis au cinéma suisse d’animation d’une part de gagner en visibilité auprès du public et de l’autre de montrer aux producteurs et aux politiques suisses qu’il était possible de faire des longs métrages à succès.

Depuis quelques années, les studios de production de films d’animation (dont les principaux sont Nadasdy Film, Studio GDS, YK Animation Studio, Cine3D et TeamTumult) connaissent un vrai essor. De même, plusieurs écoles délivrent des formations en animation comme la HSLU à Lucerne, FOCAL, l’ECAL et Ceruleum à Lausanne ou encore la HEAD à Genève.

Financement

Mais trouver les fonds nécessaires pour réaliser un film d’animation, qui plus est un long métrage, reste compliqué. Il faut dire que la production coûte en moyenne 30’000 francs la minute et qu’il faut des années de travail pour arriver à fabriquer de bout en bout ce type de films.

Les principaux contributeurs financiers suisses sont l’Office fédéral de la culture, la SSR et ses unités d’entreprise, ainsi que des structures régionales – comme Cinéforom en Suisse romande. La récente révision de la loi sur le cinéma, qui oblige désormais les plateformes de streaming à investir dans la production helvétique, est évidemment une bonne nouvelle. Mais au vu des budgets conséquents, la coproduction internationale est désormais la norme.

L’affiche de “Jungle rouge”, un long métrage d’animation mixte de Juan José Lozano & Zoltan Horvath. [Intermezzo Films, Dolce Vita Films – RTS, Nadasdy Film, Tchack – Aluma productions, Sacrebleu productions]Plusieurs longs métrages en cours de production

Outre le long métrage de Claude Barras (“Sauvage”) et le moyen métrage des frères Guillaume (“Sur le pont”) déjà évoqués plus haut, plusieurs projets d’envergure sont en cours de développement ou de production.

Ainsi, “Jungle rouge” présenté cette année au Festival d’Annecy et dont la sortie en salle est prévue en septembre. Une histoire qui se déroule dans la jungle colombienne où la plus vieille guérilla communiste au monde vit ses derniers instants.

>> A voir: la bande-annonce du film “Jungle rouge” de Juan José Lozano et Zoltán Horváth

Film dʹanimation franco-suisse coréalisé par Juan Lozano et Zoltán Horváth, le film a été tourné dans un studio situé en banlieue genevoise.

>> A écouter: un reportage sur le tournage du film réalisé en janvier 2022 (Emission “Vertigo”)

Vertigo – Publié le 7 janvier 2020

Toujours à Annecy, la Suissesse Isabelle Favez présente, en compétition, “Giuseppe”, un film de 26 minutes sur un petit hérisson qui rêve de voir la neige. Une rétrospective présentée durant le festival permet de découvrir le travail de cette Suissesse installée à Zurich. Réalisatrice de plusieurs courts métrages pour les enfants, notamment “Circuit marine” (2003) et “Tarte aux pommes” (2006), elle a été primée dans de nombreux festivals internationaux.

Le Tessinois Marcel Barelli a aussi droit à une rétrospective à Annecy. Né en 1985, diplômé de la HEAD-Genève, l’homme a toujours été passionné par les animaux et la nature qui sont au coeur de ses projets. Il a été auréolé d’un Prix du cinéma suisse 2022 pour son court métrage “Dans la nature”. Son prochain film d’animation est un long métrage intitulé “Mary Anning”, hommage à la paléontologue britannique. Elle fut au XIXe siècle l’une des scientifiques les plus influentes du Royaume-Uni.

Affiche du film "Interdit aux chiens et aux Italiens" d'Alain Ughetto. [Gebeka Films]Affiche du film “Interdit aux chiens et aux Italiens” d’Alain Ughetto. [Gebeka Films]Autres longs métrages suisses prêts à sortir: “Interdit aux chiens et aux Italiens” d’Alain Ughetto présenté en compétition à Annecy et dont la sortie en salles est prévue début 2023 et  “Yuku et la fleur d’Himalaya” réalisé par Rémi Durin et Arnaud Demuynck, également montré durant le festival français.

Le cinéma d’animation suisse est bien vivant et en pleine forme. Dernier exemple, “Do not feed the pigeons”, travail de diplôme du Lausannois Antonin Niclass, étudiant de 30 ans à la National Film & Television School de Londres, qui a été récompensé du Bafta du meilleur court métrage d’animation en mars 2022. C’est sûr, la relève suisse est prête.

>> A voir: “Do not feed the pigeons”

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Le cinéma suisse d’animation, un art en plein essor