Après le coup de froid de la semaine dernière, les températures plus douces vont permettre de profiter de la verdure printanière. Si vous êtes encore frileux, les nombreux festivals de musique, en intérieur, le début de quelques grandes expositions ou la sortie de bons polars seront l’occasion de se cultiver bien au chaud. Ce week-end sera aussi marqué par le premier tour de l’élection présidentielle et, en guise de pas de côté, nous vous proposons une bonne série politique. Passez une bonne semaine et portez-vous bien !
7 idées de sorties et d’activités
Exposition Abd el-Kader, Scénographie Maciej Fiszer, Avril 2022.
(Aldo Paredes, Mucem)
- On découvre, à partir d’aujourd’hui au Mucem de Marseille (Bouches-du-Rhône), la vie d’Abd el-Kader, l’émir considéré comme le fondateur de l’État algérien. Une exposition le met à l’honneur jusqu’au 22 août. Horaires et tarifs en ligne
. - On plonge dans la riche programmation du Festival Chorus, d’aujourd’hui à dimanche sur le site de La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). IAM, Camélia Jordana, Sofiane Pamart, Roméo Elvis, Paul Kalkbrenner et Yseult sont notamment de la partie. Pour en savoir plus, c’est par ici
. - On suit en direct depuis La Gaîté lyrique à Paris, ce soir de 17h à 0h30 sur la plateforme Arte.tv
, le concert événement « Stand with Ukraine » porté par la crème des artistes électro de la « French touch » : Laurent Garnier, Vitalic, Pedro Winter… - On fête le « Nouveau monde » en musique au Festival de Pâques de Colmar (Haut-Rhin), qui débute vendredi jusqu’au 16 avril. Dans le cadre du centième anniversaire du musée Bartholdi, solistes et prestigieux orchestres enchaîneront les concerts. Le programme est en ligne
. - On inaugure aujourd’hui la Biennale internationale du design à Saint-Étienne (Loire). Expositions, installations et rencontres se multiplient jusqu’au 31 juillet. Pour plus de renseignements, c’est par là
. - On pogote au BetiZFest de Cambrai (Nord), festival métal qui se déroule samedi avec Lofofora en tête d’affiche. Plus de détails sur la page Facebook
de l’événement. - On fait le tour d’Europe des DJ en un festival, l’événement I Love Techno, qui se déroule ce week-end à Pérols (Hérault). Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site
.
Le classique à revoir : Que Dios Nos Perdone

Raúl Prieto et Antonio de la Torre.
(Warner Bros Pictures Espana)
À seulement 40 ans, il est considéré comme l’un des maîtres du suspense du cinéma espagnol. Pas étonnant que le Festival Reims Polar ait choisi de rendre hommage au génial Rodrigo Sorogoyen, qui a redonné ses lettres de noblesse au thriller en 2016 avec Que Dios nos perdone. L’histoire, durant l’été 2011 à Madrid, alors que la capitale accueille le pape Benoît XVI, de deux inspecteurs de police qui font face à un tueur en série calculateur, pervers et sadique. Les enquêteurs plongent dans la noirceur de l’âme humaine, sans espoir de rédemption.
Un récit sous haute tension et à l’atmosphère poisseuse qui immerge le duo dans la moiteur de Madrid, en proie à la canicule et à la crise économique. La révélation de ce film, qui brille par son écriture millimétrée et sa mise en scène frontale, est indéniablement Antonio de la Torre en flic introverti et bègue bientôt animé par la colère et le désir de vengeance. Rodrigo Sorogoyen retrouvera l’acteur caméléon dans El Reino (2018), où il incarne un politicien accusé de corruption. (S.B.)
Diffusé dans le cadre du Festival Reims Polar, jusqu’à dimanche. Réservations sur le site
. Également disponible sur plusieurs plateformes de VOD ainsi qu’en Blu-ray/DVD.
Le polar du mois : La Chambre du Fils de Jørn Lier Horst
Chaque mois, Karen Lajon, grand reporter au Journal du Dimanche qui anime sur leJDD.fr une chronique polar, vous présente une pépite du genre parmi les nouveautés.
Jørn Lier Horst ne change pas. Son héros est toujours l’inspecteur Wisting. Et la journaliste, Line, sa fille, est aussi là. Un ex-ministre meurt soudainement d’une crise cardiaque. Une figure, un modèle du parti travailliste norvégien. Pourtant, un proche a découvert dans une chambre du chalet de vacances du défunt, des cartons remplis de devises étrangères. De quoi ébranler la nation toute entière.
À la demande du procureur général du Parquet de Norvège, Wisting va tenter de découvrir l’origine de ce magot. Et une fois n’est pas coutume, l’inspecteur demande à sa fille de faire équipe avec lui. Rien d’échevelé ou de brutal dans cette intrigue, ce n’est pas le genre de la maison. Mais c’est justement la marque de fabrique du romancier.
Le souci du détail qui traduit la réalité. Beaucoup de lenteur. Des personnages qui se mêlent et se démêlent. Une connaissance du système judiciaire norvégien parfaite. Jørn Lier Horst, qui n’a jamais caché son admiration pour Henning Mankell, pourrait bien en être le digne héritier. (K.L.)

La série à laquelle vous serez accro : Veep
Quelques jours avant le premier tour de la présidentielle, plongeons-nous dans une bonne série politique. La France n’est pas très riche en la matière, à l’exception, notable, de Baron noir. Il faut donc traverser l’Atlantique où, depuis le double succès de Spin City et d’À la Maison-Blanche, le genre fait recette. Parmi ses meilleurs représentants, citons Veep, diffusée de 2012 à 2019.
Ce show brille par son équilibre audacieux. Quand la majorité des séries américaines sont catégorisées, Veep réussit le grand écart entre la comédie et le portrait, malheureusement réaliste, d’une classe politique déconnectée. Le postulat de départ lorgne clairement du côté de la satire : Selina Meyer, première vice-présidente des États-Unis, veut marquer l’histoire de son pays par ses actes. Mais le costume du job est bien trop grand pour elle alors qu’elle est entourée d’une équipe de bras cassés.
Même si les répliques fusent et les gags de situations s’enchaînent, la série ne cherche pas à faire rire en permanence à l’instar d’une sitcom. Elle décrit des situations bien réalistes et démonte les arcanes de la Maison-Blanche pour mieux les tourner en ridicule. Le tout porté par un casting parfait emmené par la si drôle Julia Louis-Dreyfus.
Sept saisons de 7 à 10 épisodes chacune à voir en streaming sur OCS
, en VOD sur MyCanal
, ainsi qu’en Blu-Ray/DVD.
Les petits secrets d’En Thérapie : un casting réussi, entre talents à suivre et stars reconnues
Chaque semaine, tout au long de sa diffusion sur Arte et sur la plateforme Arte.tv
, le JDD vous présente les secrets de la deuxième saison de la série à succès.

De gauche à droite : Suzanne Lindon, Charlotte Gainsbourg, Jacques Weber, Frédéric Pierrot, Eye Haïdara et Aliocha Delmotte.
(Manuel Moutier/Arte)
Comme pour mieux tourner la page et donner un nouveau souffle à la deuxième saison, Olivier Nakache et Eric Toledano installent sur le canapé de leur psy un autre casting de patients. Un mélange de talents à suivre et de comédiens à la notoriété confirmée qui fonctionne à merveille : découverte à l’occasion de son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Seize printemps, dans lequel elle tenait également le premier rôle, Suzanne Lindon prouve qu’elle est bien la fille de ses parents (Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon) en campant avec une belle complexité une étudiante en architecture qui découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein, mais refuse de se soigner.
Révélée par Le Sens de la fête de Nakache et Toledano (2017), Eye Haïdara donne toute son ambivalence à une avocate incapable de faire respecter ses choix de vie par sa famille. Imposant par sa stature et son charisme, Jacques Weber apporte beaucoup de profondeur à un chef d’entreprise qui replonge dans les traumatismes de sa propre existence.
Inattendue dans le rôle d’une psychologue réputée et un peu rigide, Charlotte Gainsbourg étonne par son jeu imperturbable tout en intériorité. Les seuls patients qu’on retrouve avec plaisir sont Clémence Poésy et Pio Marmaï, qui se sont séparés et envoient leur garçon devenu un ado angoissé chez le docteur Dayan : Aliocha Delmotte est sans doute la révélation de cette deuxième saison, avec des séances qui mettent les larmes aux yeux. (B.T.)
Lire aussi – « Démystifier et dédramatiser la cure » : comment « En Thérapie » a changé le regard sur les psys
À voir tous les jeudis soirs, à 21 heures, sur Arte.
1 oeuvre en 1 minute : Lac Keitele de Gallen-Kallela

Lac Keitele, 1905 d’Akseli Gallen-Kallela, huile sur toile, 53 x 66 cm, The National Gallery, Londres.
(The National Gallery, London)
Le peintre finlandais Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), un nom que l’artiste Axel Gallén adoptera en 1907 car sonnant plus finnois, commencera sa carrière avec des toiles naturalistes, avant de réaliser des compositions plus mystiques et symbolistes. Au tournant du XXe siècle, il peint des paysages appelant à la méditation comme ce Lac Keitele datant de 1905.
Il sillonne la Finlande, alors sous domination russe et privilégie l’intérieur du pays, avec ces myriades de lacs et ces forêts encore inviolées. Il peint en pleine nature, se déplaçant l’hiver à ski et l’été à pied, en bicyclette et en bateau. L’été 1905, où il peint ce tableau, il a loué un chalet au bord du lac.
Dans ce paysage lacustre, l’horizon est très haut, très mince, comme dans les estampes japonaises. On y retrouve le thème de l’île, sombre, que Gallen-Kallela a déjà représenté en 1897. C’est une référence à la série de L’Ile des morts de Böcklin, mais Gallen-Kallela y ajoute une notion de paix intérieure, de refuge permettant de s’isoler et de créer. L’artiste s’est ainsi fait construire une maison-atelier en bois totalement perdue dans la nature en 1894.
Dans le tableau presque carré du Lac Keitele, le peintre représente des zébrures sur l’eau, des zigzags presqu’abstraits : des parties encore gelées. Mais ces tracés géométriques sont aussi un rappel d’un personnage des légendes finlandaises que Gallen-Kallela a illustrées : Väinämöinen. Ce héros laissait un sillage sur son passage à ski (Tolkien s’en serait inspiré pour le magicien Gandalf du Seigneur des Anneaux). La nature, tel ce lac rayé, est ainsi dotée par Gallen-Kallela d’une dimension sacrée et spirituelle. L’artiste en peindra trois autres versions. (M.-A. K.)
À voir dans l’exposition « Gallen-Kallela, mythes et nature »
, au musée Jacquemart-André à Paris jusqu’au 25 juillet.
Les premiers mots : La Promesse de Damon Galgut
Le dramaturge sud-africain Damon Galgut est devenu une plume incontournable avec des œuvres comme Un docteur irréprochable (2003) ou L’Imposteur (2008). Avec son dernier livre, La Promesse (2021), il a décroché l’an dernier le très prestigieux Booker Prize, équivalent du Goncourt pour les anglophones.
Cette saga familiale, qui s’étale sur quatre décennies, décrit le destin des habitants d’une ferme d’afrikaners, des Sud-Africains blancs d’origine européenne. La promesse du titre est le dernier souhait de Rachel, en 1986, que leur domestique noire, Salomé, soit propriétaire d’une maison sur la propriété de la famille. Des aller-retours entre le passé et le présent permettent de comprendre les raisons et les conséquences de cette promesse. Une métaphore brillante de l’histoire mouvementée de l’Afrique du Sud et de ses paradoxes.


Le week-end clés en main : un décor de Belle-Époque posé sur l’eau

Le pont-canal et deux des ses quatre impressionnants pilastres.
(A.Rue/Tourisme Loiret)
On dirait presque une image de science-fiction : un magnifique pont Belle-Époque parisien posé sur la Loire pour permettre le passage d’un canal et desservir une commune rurale paisible. La seule vue du pont-canal de Briare, dans le Loiret, frappe par la volonté de l’homme d’avoir voulu certes maîtriser la nature, mais avec style.
Il s’agit d’une immense structure de pierre et d’acier longue de 662 mètres qui permet le passage, au-dessus du fleuve, du canal dit Latéral. Ce carrefour de circulation aquatique permettait au XIXe siècle de raccorder deux canaux dédiés au transport de marchandises. L’ouvrage a été conçu par l’architecte Léonce-Abel Mazoyer qui fit appel à l’entreprise Eiffel pour concevoir les 14 piliers de pierre ancrés dans les profondeurs d’une Loire tourmentée. Pour le décor, 72 réverbères et quatre pilastres ornementés habillent l’ensemble.
Le pont-canal a donné une visibilité inédite à Briare qui accueille un musée très bien fait dédié à la prouesse d’architecture. La petite ville n’est pas seulement connue pour son monument. Cette station verte, ville fleurie dotée d’un très beau parc départemental – dit de Trousse-bois -, est aussi appelée la « cité des émaux ». Un musée de la mosaïque retrace 160 ans d’artisanat local.

L’église Sainte-Jean-d’Arc et le château, à Gien.
(Château-musée de Gien)
Et si vous souhaitez rester plus d’un week-end
Briare est une bonne base de départ pour découvrir l’Est du Loiret. Des « petits » châteaux de la Loire, souvent privés et ouverts l’été sur visite guidée, sont à découvrir, telle l’impressionnante forteresse médiévale de Saint-Brisson-sur-Loire ou l’élégante silhouette du château de Pont-Chevron.
En descendant la Loire vers Orléans, un détour par Gien s’impose. Son vaste château, célèbre pour avoir accueilli les plus grands rois de France, accueille le musée international de la chasse aux collections d’une richesse impressionnante. Autre fleuron de la ville : la manufacture de faïence de la ville qui propose un musée très complet.
Entre Gien et Briare, la Loire, quand elle n’était pas en crue, est propice à la promenade avec des pistes cyclables bien aménagées. À la belle saison, de nombreuses croisières sont proposées sur le fleuve et ses canaux attenants.
Où ? Si vous venez de Paris, une ligne TER permet de rallier Gien et Briare en passant par Montargis. Une fois sur place, si le beau temps le permet, le vélo est un excellent moyen de transport.
Quand ? Le val de Loire est toujours plus agréable sous le soleil, mais la plupart des monuments et musées sont ouverts toute l’année.
À quel prix ? En tant que station verte, Briare privilégie des prix tout doux.
La recette gourmande : moules sublimées
Janvier 2020. Kei Kobayashi, chef du restaurant Kei à Paris, décroche le Graal des trois étoiles Michelin. Il est le premier Japonais à inscrire son nom au firmament du prestigieux guide français. Mais s’il a réussi en France, c’est avant tout car il a réussi à revisiter les classiques de notre gastronomie et à en tirer le meilleur. Tout au long du mois d’avril, il nous fait partager ses recettes techniques et sublimes, extraites d’un livre dans lequel il rend hommage aux plats de ses mentors. Cette semaine : les moules en gelée.

(Richard Haughton)


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Du groupe IAM à la série « En Thérapie », 25 idées pour profiter du week-end