L’époque des terrains de campings remplis de tentes et de campeurs uniquement issus de classes populaires parait bien loin avec la montée en gamme notable du secteur. De simple solution d’hébergement abordable à destination de séjour complète, l’hôtellerie de plein air a connu une réelle mutation d’image et d’usage en l’espace d’une trentaine d’année. Nouvelles offres, nouveaux services, nouvelles clientèles mais aussi nouveaux acteurs sont tout autant de facteurs à l’origine d’une telle évolution qui permet notamment de structurer le marché et d’adapter ses prestations à des tendances et attentes émergeantes. Comment se matérialise la montée en gamme de l’offre ? Quelle place le développement durable occupe-t ’il dans l’évolution du secteur ? Les campeurs d’hier seront ils les campeurs de demain ? Comment les acteurs historiques réagissent à l’arrivée de fonds d’investissement sur le marché ? Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur le secteur ?
Un secteur en pleine structuration
L’hôtellerie de plein air est depuis quelques années un marché en plein boom et la France se positionne comme le leader européen sur ce secteur. En effet, selon les dernières données de l’INSEE, l’Hexagone comptabilise 8 239 terrains de campings, ce qui représente au total 899 266 emplacements. C’est ainsi le premier hébergeur marchand en nombre de lits sur le marché en France. A l’échelle internationale, la France possède le second plus grand parc, juste après les Etats-Unis qui dénombre plus de 30 000 établissements de plein air.
On constate toutefois une baisse de 58 terrains entre 2019 et 2021, soit 7 617 emplacements de moins en à peine deux ans. Ce phénomène s’explique en partie par la disparition croissante de nombreux petits campings, notamment des campings municipaux qui sont souvent trop chers à entretenir pour les communes. Et les investisseurs ne portent pas une grande attention à ces structures en raison des mesures de gestion relativement contraignantes qui y sont associées. Également, un certain nombre de propriétaires de campings atteignent l’âge de la retraite et ne trouvent pas de successeurs pour reprendre l’affaire. Il est également de plus en plus difficile pour eux d’assurer leurs espaces en zones naturelles où les réglementations sont toujours plus nombreuses.
Le littoral polarise une grande partie des campings, notamment la côte d’Azur, la côte Atlantique et les Hauts de France. Deux régions se distinguent particulièrement aux vues du nombre d’emplacements qu’elles concentrent, à savoir la Nouvelle-Aquitaine (177 765 emplacements) et l’Occitanie (161 661 emplacements). La météo très ensoleillée durant la période estivale ainsi qu’une proximité immédiate avec l’océan et la mer sont les deux principaux facteurs de cette forte concentration de l’offre. Toutefois quelques départements enclavés abritent une majorité du reste de l’offre tels que l’Ardèche, la Drôme, le Gard et la Dordogne.
Les campings se répartissent en plusieurs catégories : les très petits campings comptent entre 7 et 60 emplacements, les petits campings ont moins de 100 emplacements, les campings moyens comptent entre 100 et 200 emplacements et les gros campings disposent de plus de 300 emplacements. En France, plus de la moitié du parc est constitué de petits campings, on dénombre seulement un peu moins de 500 gros campings. Par ailleurs, le nombre de campings indépendants s’élève à plus 5 000, soit environ 65% de l’offre hotellière de plein air tricolore. Seulement 15% du parc est regroupé sous enseigne, le reste étant des campings municipaux à la charge des communes où il se situent, ou à la charge de propriétaires privés.
En France, la majorité du parc d’hôtellerie de plein air appartient au segment moyen de gamme avec 33% de campings classées 3 étoiles et 24% classés 2 étoiles, soit 57% de l’ensemble du parc. Toutefois on constate depuis désormais plusieurs années une réelle montée en gamme de l’offre. En effet, en 2000 seul 8% du parc français appartenait au segment haut de gamme alors qu’en 2021 ce chiffre s’établit à 20%. En l’espace d’une vingtaine d’années, plus de 700 campings haut de gamme ont ouvert leurs portes. Cette premiumisation se traduit par ailleurs par le passage du mot camping au terme hôtellerie de plein air.
Malgré un nombre important de campings indépendants, les groupes intégrés et réseaux de franchisés gagnent du terrain, notamment en absorbant des petits groupes de campings afin d’accélérer leur croissance. Parmi les différents acteurs présents en France, ils sont quelques-uns à concentrer l’offre du marché en nombre d’emplacements. On retrouve sur les premières marches du podium : Vacanceselect, European Camping Group, Yelloh ! Village, Leading Camping of Europe, Flower Campings ou encore Sandaya. Tous ont vu leur nombre d’emplacements considérablement croître en l’espace de quelques années. Selon l’institut d’études privées Xerfi, les chaînes et groupes intégrés pèsent de plus en plus lourd, leur parc d’emplacements étant passé de 17% à 33% entre 2011 et 2021. Une tendance qui devrait probablement continuer sur cette lancée dans les années à venir.
Le rachat de terrains de camping est la solution la plus simple afin d’accroitre son parc puisqu’il est très difficile, voire parfois impossible, de créer des nouveaux campings. Les nombreuses réglementations en vigueur en France, qu’elles soient d’ordre environnemental ou urbanistique, empêchent bien souvent la construction de nouveaux campings sur des emplacements inédits. En limitant la création de nouveaux parcs, ces nombreuses législations entrainent une saturation du marché, qui est notamment favorable aux fonds d’investissement.
De nouveaux acteurs investissent le marché
L’hôtellerie de plein air est un produit très rentable, la rentabilité nette de ce marché s’est maintenue au-dessus de 10% entre 2014 et 2019, contre 6% dans l’hôtellerie et environ 4,5% pour les résidences de tourisme et villages vacances selon les données de Xerfi. Entre 2013 et 2019, les performances d’exploitation ont fluctué dans une fourchette de près de 25,5% à plus de 28,5%. Aujourd’hui le chiffre d’affaires de l’hôtellerie de plein air est de 2,8 milliards d’euros selon les derniers chiffres de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air (FNHPA) contre « seulement » 800 millions il y a une vingtaine d’années.
Avec de telles performances, ce secteur attire de nouveaux profils d’investisseurs. En effet, les fonds d’investissements et les sociétés de gestion d’actifs montrent un intérêt croissant pour le marché de l’hôtellerie de plein air, tous ayant l’objectif de constituer le plus gros « groupe d’accueil de plein air ». Cet intérêt pour le secteur provient notamment de leur volonté de diversifier leur placement. C’est en partie l’engouement de ces nouveaux acteurs qui est à l’origine de la modernisation et de la montée en gamme de l’offre. Cette prémiumisation engendre par ailleurs une augmentation considérable des tarifs, les prix dans l’hôtellerie de plein air ont ainsi progressé de 27% depuis 2010, contre 11% pour les hôtels et des villages de vacances.
Sandaya est ainsi détenu par InfraVia Capital Partners tandis que European Camping Group, l’un des leaders européens de l’hôtellerie de plein air, a été racheté par PAI Partners en 2021. Ces rachats leurs permettent par la suite d’étendre considérablement leur parc tout en modernisant leurs offres et équipements. Que cela soit la construction de complexes aquatiques et d’espaces dédiés au bien-être, la création de clubs de vacances ou encore l’acquisition d’hébergements locatifs tels que des mobil-homes. Un développement en phase avec les nouvelles pratiques des campeurs qui privilégient de plus en plus les emplacements équipés, au détriment des emplacements nus. Les emplacements équipés représentent ainsi un tiers de l’offre, pour plus de la moitié du chiffre d’affaires des campings.
En 2019, Naxicap Partners, filiale de Natixis Investment Managers, devient l’actionnaire majoritaire de Siblu aux côtés de Managers investisseurs, succédant ainsi à Stirling Square Capital Partners qui avait acquis le groupe en 2015. L’année 2015 marque également l’acquisition de Vacanceselect par Permira, une société d’investissement mondiale britannique. A travers cette acquisition, Permira avait pour ambition d’accélérer le développement du groupe et c’est chose faite puisque Vacanceselect figure aujourd’hui parmi les principaux acteurs du secteur. Mais leur aventure ensemble devrait prendre fin cette année. En effet, Primera a annoncé il y a peu son intention de céder le groupe.
Parmi ces grands noms de l’investissements, ils sont de plus en plus nombreux à créer des fonds dédiés à l’hôtellerie de plein air. A l’image de BNP Paribas REIM qui en 2017 voyait déjà l’intérêt d’investir dans ce secteur, et pour ce faire le groupe a lancé un OPPCI (Organisme Professionnel de Placement Collectif Immobilier) spécialisé baptisé Plein Air Property Fund 1. De son côté 123 IM, qui a accompagné le groupe Sandaya dans la première phase de son développement en finançant la holding de tête mais également des sous-holdings, a créé le FPCI 123 Plein Air. Ce fonds a permis de financer 36 campings depuis sa création, soit 66,5 millions d’euros investis. Enfin dernier en date, Swiss Life a créé une SICAV spécialisée dans le financement de camping baptisée Club Plein Air Tourisme.
Si le marché de l’hôtellerie de plein air français ne cesse d’évoluer et d’attirer de nouveaux acteurs, le marché de l’hôtellerie de plein air chinois pourrait lui aussi attirer l’attention des acteurs européens majeurs aux vues des chiffres récemment observés. En effet, la crise sanitaire a contraint de nombreux touristes chinois à réviser leurs plans et à considérer davantage des voyages domestiques plutôt que des voyages internationaux. Et cette tendance a entrainé une croissance notable de la fréquentation des campings chinois et avec l’arrivée de l’été, le marché du camping en Chine devrait continuer sur sa lancée. Les recherches liées au camping ont augmenté de 117 % par rapport au mois précédent pendant les vacances de mai, les forêts et les îles étant les deux sites de camping les plus populaires, selon un rapport publié par Tongcheng Travel, un fournisseur de services de voyage en ligne.
Selon un rapport publié par le cabinet de recherche iiMedia Research, basé à Guangzhou, la taille du marché de l’hôtellerie de plein air en Chine est passée de 7,71 milliards de yuans en 2014 à 29,9 milliards de yuans en 2021, et elle devrait augmenter de 18,6 % en 2022 pour atteindre 35,46 milliards de yuans. Une croissance exponentielle qui pourrait attirer des acteurs européens à la recherche de nouvelles opportunités de développement, sachant que la Chine est un marché non négligeable en raison de sa taille pour le secteur de l’hospitality. De nombreux groupes hôteliers investissent massivement ce marché, un phénomène similaire pourrait ainsi émerger du côté des opérateurs de l’hôtellerie de plein air.
Des clients toujours plus exigeants
La premiumisation de l’hôtellerie de plein air ne découle pas uniquement du rachat de petits campings par de grands groupes, elle reflète également l’évolution des attentes des campeurs au fil des décennies. Depuis l’apparition des congés payés en 1936 qui a permis aux Français de découvrir les joies du camping, beaucoup de choses ont évolué. Si à l’origine partir camper permettait une certaine reconnexion avec la nature, aujourd’hui l’hôtellerie de plein air propose bien plus que cela même si ce facteur demeure déterminant pour un grand nombre de voyageurs.
Jusqu’à la fin du 20ème siècle, la majorité des emplacements était des emplacements nus, c’est-à-dire des emplacements où peut être installé une tente, une caravane ou encore un camping-car. Mais on constate depuis une vingtaine d’années le développement dans ce secteur de l’offre locative vers les mobil-homes et les habitations légères de loisirs. Une évolution correspondant aux nouvelles attentes des clientèles, à savoir une solution de vacances qui allie les attraits du plein air et le besoin de confort. Aujourd’hui, les emplacements équipés représentent un tiers de l’offre, pour plus de la moitié du chiffre d’affaires des campings.
La solution locative est par ailleurs adoptée de plus en plus par les propriétaires de campings. Si bien qu’en 2021, les commandes de mobil-homes ont afflué des quatre coins de la France et un grand nombre d’entre elles n’ont pas pu être honorées par les fabricants. Un type d’hébergement qui inscrit l’offre des campings dans le cadre du développement durable puisque les mobil-homes sont à 91% recyclables. Les mobil-homes offrent également une certaine flexibilité à leurs propriétaires puisqu’ils peuvent être déplacés aisément.
Ce sont principalement les campeurs français qui occupent les emplacements équipés tandis que plus de 40% des campeurs étrangers préfèrent encore et toujours les emplacements nus. La part de clientèle étrangère dans les campings français est par ailleurs relativement importante, hors période de pandémie. Elle représentait plus de 30% des nuitées en 2019. Ce sont les pays limitrophes de la France qui constituent les principaux marchés émetteurs de l’hôtellerie de plein air, à savoir les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique mais on retrouve aussi le Royaume-Uni sur le podium en raison de l’appétence pour ce type d’hébergement en immersion dans la nature.
L’essor des offres locatives dans les campings a notamment permis l’allongement des durées de séjours. En effet, la durée moyenne de séjours en locatif est de 6,5 nuitées contre 4 nuitées en moyenne sur les emplacements nus, tandis que la durée moyenne d’un séjour en camping est de 5,1 nuitées. L’écart entre emplacements équipés et nus se ressent également dans le nombre de nuitées à l’année enregistrée par les campings. Ainsi en 2019, la FNHPA a enregistré 66,6 millions de nuitées sur les emplacements équipés contre 58,4 millions de nuitées sur les emplacements nus. Un écart qui devrait continuer à se creuser dans les années à venir, les touristes étant à la recherche de toujours plus de confort et d’équipements.
En plus de vouloir plus de confort lors de leurs séjours, les campeurs désirent également avoir des emplacements plus grands. Une attente ainsi en phase avec la montée en gamme de l’offre initiée il y a d’ores et déjà plusieurs années. Un besoin que les acteurs de l’hôtellerie de plein air ont bien identifié comme l’explique Arnaud Poudou, Responsable développement et qualité chez Yelloh! Village. Le réseau propose désormais des emplacements plus vastes à ses campeurs en mettant également l’accent sur l’aspect paysager du terrain et des emplacements. Car en plus de d’être à la recherche de plus de confort, les campeurs souhaitent séjourner dans un lieu esthétique où la nature est omniprésente.
Il est difficile de dégager des profils types de clientèles de l’hôtellerie de plein air tant les profils des campeurs sont divers et variés. On dénote toutefois une plus forte représentation de campeurs issus de catégories populaires, une présence qui s’explique notamment par l’attractivité des prix pratiqués. Néanmoins les touristes CSP+ démontrent un attrait croissant à séjourner dans un camping, un intérêt inhérent à la montée en gamme de ces derniers. Les familles constituent également le cœur de la clientèle des campings, les tarifs abordables permettant aux familles aux budgets plus restreints de se payer malgré tout des vacances. Mais qui dit familles dit enfants et pour séduire ces jeunes campeurs, les propriétaires de campings doivent faire évoluer leurs offres afin de combler leurs attentes. Une stratégie capitale puisque les enfants et adolescents jouent de plus en plus le rôle de prescripteur en matière de vacances au sein des foyers.
La présence de jeux pour enfants est ainsi devenue indispensable tout comme le développement des espaces aquatiques qui deviennent au fil du temps des vrais parcs aquatiques dans certains campings. Des aménagements qui demandent des investissements importants de la part des exploitants. Aujourd’hui, entre 20 à 25% du chiffre d’affaires des campings est consacré aux divers investissements nécessaires au développement des équipements et des services. Cela inclut le développement de l’hébergement, de l’espace aquatique, de la partie F&B, des jeux pour enfants, des activités pour enfants et adultes et les aménagements pendant l’hiver.
A titre d’exemple, Sandaya a prévu « une enveloppe de 84 millions d’euros pour préparer la saison 2022 ». Ce budget conséquent est destiné au renouvellement de sa gamme locative ainsi qu’à la rénovation des infrastructures de loisirs et espaces aquatiques. Des aménagements qui rentrent dans le cadre de sa stratégie de montée en gamme en étoffant sa gamme locative. Le groupe a par ailleurs acquis 7 campings entre 2021 et 2022 mais également 1 200 nouveaux logements dont les ¾ sont installés sur ces campings récemment acquis. Parmi ces nouveaux logements se trouvent notamment des cottages Premium disposant d’un spa privatif.
Le repositionnement de l’offre
Pour répondre aux nouvelles attentes des clientèles, l’hôtellerie de plein air doit sans cesse évoluer et se réinventer afin d’être également en phase avec les tendances touristiques émergeantes. Tout comme l’hôtellerie classique, les campings s’inscrivent dans une démarche écologique afin d’être perçus comme des destinations durables. Un critère de plus en plus important aux yeux des touristes qui selon des enquêtes menées par Booking ou par Ifop sont prêts à débourser plus pour séjourner dans un hébergement soucieux de son impact environnemental. Proches d’une nature qui constitue le cœur de leur offre, les campings multiplient ces dernières années les initiatives éco-responsables afin d’assurer leur transition durable.
Une démarche durable qui concerne autant les grands groupes que les propriétaires de petits terrains de campings comme l’atteste le lancement du programme d’affiliation par maeva visant à engager les campings sur la voie du développement durable. Le concept « maeva Respire » lancé durant l’été 2021 pose les bases d’une hôtellerie de plein air durable grâce à un cahier des charges des plus complets. L’objectif est de proposer 20 campings affiliés maeva Respire d’ici 2025. Afin de répondre aux attentes de vacances à la fois haut de gamme et respectueuses de l’environnement, chaque camping maeva Respire s’est engagé dans une démarche de transition écologique. Pour ce faire, chacun de ces campings proposera des cabanes haut de gamme, des circuits courts et bio pour la restauration et l’épicerie, des démarches visant à préserver la biodiversité et tout cela dans une démarche de bienveillance envers l’environnement comme les hôtes.
Comme le démontre ce nouveau concept, il est possible de faire rimer écologie avec confort. Inscrire un camping dans la mouvance du tourisme durable n’exclut pas de le faire monter en gamme par la même occasion. La montée en gamme de l’hôtellerie de plein air se traduit notamment par le développement d’une nouvelle offre qui ne cesse de gagner en popularité depuis quelques années : le glamping. Contraction des termes camping et glamour, le dictionnaire Le Robert définit le glamping comme « un mode d’hébergement touristique en pleine nature, associant le confort au respect de l’environnement ». Cette offre permet d’allier l’immersion dans la nature que promet un camping avec (presque) tout le confort d’un hôtel. Un terme qui a fait son apparition dans le secteur de l’hospitality il y a environ une quinzaine d’années au Royaume-Uni.
Tentes luxueuses équipées, yourtes, roulottes, cabanes dans les arbres, tipis, bulles et cabanes flottantes sont tout autant de solutions d’hébergements qui s’offrent aux campeurs désireux de découvrir le glamping. Une offre qui s’adresse aussi bien aux campeurs aguerris souhaitant découvrir une nouvelle expérience qu’aux personnes réticentes à l’idée de camper de manière plus « sauvage ». Le glamping peut ainsi être une porte d’entrée pour les voyageurs n’osant pas tenter le camping pour des raisons de confort entre autres.
Ce marché devrait par ailleurs connaître une croissance sans précédent comme le démontre la dernière étude menée par Esomar. L’étude en question rapporte que le marché du glamping devrait atteindre une valeur de 10,6 milliards de dollars en 2032, avec un taux de croissance annuel moyen de 11,8 % sur la période d’évaluation. Selon Future Market Insights, le développement des vans de loisirs et autres camping-cars avec des services de location est un autre facteur qui stimule la croissance rapide de ce marché.
Pour les acteurs de l’hôtellerie de plein air, le glamping représente un investissement rentable. En effet, développer une offre de glamping au sein d’un terrain de camping permet de rentabiliser des espaces non utilisés et même si le coût à l’achat de ces hébergements peut paraitre élevé, il est en réalité amorti relativement rapidement en raison du prix des nuitées qui affichent un tarif moyen de 100-150 euros. De plus, une telle offre apporte une solution à la problématique de saisonnalité de l’activité, la majorité des campings ouvrant d’avril-mai à septembre-octobre. Les hébergements s’inscrivant dans la tendance du glamping peuvent être loués à l’année, assurant ainsi des revenus supplémentaires aux exploitants tout en leur permettant de rester ouverts peu importe la saison.
L’un des acteurs majeurs du glamping en France est le groupe Huttopia qui en quelques années à su s’imposer sur ce marché émergeant avec une offre à l’époque tout à fait innovante. En 2019, le groupe réalisait un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros prouvant ainsi la popularité grandissante de cette tendance. Actuellement le groupe dispose d’un portefeuille de 65 sites, dont 7 se situant au Pays-Bas, au Canada et aux Etats-Unis. Et cette année Huttopia ajoutera une nouvelle adresse à son parc avec l’acquisition d’un camping en Belgique. Le groupe a également pu agrandir son parc en 2021 avec le rachat du réseau de campings OnlyCamp qui comptait 8 sites dans les régions Centre Val de Loire et Pays de la Loire. Grâce à cette acquisition Huttopia a pu notamment renforcer sa présence dans l’ouest de l’Hexagone.
Huttopia ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et souhaite développer davantage son parc international à l’avenir. Et pour être à la hauteur de ses ambitions, le groupe ne lésine pas sur les moyens. En effet, selon les dires de la fondatrice d’Huttopia Céline Bossanne, chaque camping nécessite un investissement compris entre 1,2 et 1,5 millions d’euros qui est financé par leurs fonds propres. De plus, le groupe dessine et fabrique ses tentes dans une usine basée à Dunkerque dont il est actionnaire, possède son propre outil de réservation qu’il a développé et gère lui-même la conception des sites, des animations et de la restauration. Par ailleurs depuis 2019, les collaborateurs du groupe disposant d’au moins 4 ans d’ancienneté peuvent devenir associé d’Huttopia. Un programme baptisé « Tous Associés » qui permet de développer le sentiment d’appartenance tout en fidélisant et attirant des collaborateurs.
Un secteur qui ne connait pas la crise, même sanitaire
Alors que la fréquentation des hôtels a lourdement été impactée durant ces deux années de pandémie, l’hôtellerie de plein air s’est montrée extrêmement résiliente avec une fréquentation plus que satisfaisante sur l’ensemble du territoire. Le nombre de nuitées enregistré en 2021 égale celui de 2019, soit 129 millions de nuitées. L’année 2020, qui a pourtant signé le début de la pandémie en France, a également enregistré un taux de fréquentation important sur la période estivale. En effet, le nombre de nuitées passés en camping durant cette période était à 84% de son niveau de 2019 selon l’INSEE, un résultat tout à fait honorable dans un contexte aussi inédit et incertain.
Le chiffre d’affaires du secteur a ainsi rebondi de 18% en 2021 et Xerfi estime qu’il devrait augmenter de 4% au cours de cette année aux vues des niveaux de réservation actuels qui annoncent une saison estivale 2022 prometteuse. Par ailleurs, la clientèle étrangère qui était aux abonnés absents en 2020 et 2021 devrait faire son grand retour cette année selon l’ensemble des professionnels du secteur. La clientèle britannique, très friande de séjours dans des campings, a d’ores et déjà fait son retour sur les pistes françaises durant les mois de janvier et février. Elle devrait donc ainsi être également présente dans les campings français au cours de cette saison estivale, tout comme les touristes allemands, néerlandais et belges.
La clientèle domestique a ainsi porté l’activité des campings durant ces deux dernières années. Si certains Français redécouvraient les joies du camping, d’autres ont profité de cette période particulière pour les découvrir. On nomme cette catégorie les néo-campeurs, et leur présence dans les campings grandit d’année en année. Une croissance antérieure à la crise sanitaire mais qui a tout de même été boosté par cette dernière. La fréquentation des campings au cours de la crise par cette catégorie de campeurs est estimée à environ 10%, un chiffre notable Une clientèle notamment intéressante pour les acteurs du secteur puisqu’elle apporte un regard neuf sur l’offre, offrant ainsi des nombreux axes d’amélioration toujours dans le cadre de la montée en gamme de l’hôtellerie de plein air. Une amélioration qui concerne autant les infrastructures que les services proposés. L’un des défis majeurs du secteur étant à présent de fidéliser cette nouvelle clientèle aux nombreux prospects.
Comment expliquer une telle résilience du secteur durant une période aussi complexe ? Tout d’abord la proximité avec la nature a attiré de nombreux touristes qui étaient alors à la recherche de grands espaces verts où se ressourcer. Près de 70% du parc hôtelier de plein air français se situe en zone rurale, soit la destination la plus plébiscité au cours de la crise. Le fait de séjourner en plein air, donc dans un lieu ni fermé ou confiné, et qu’il y ait une distance considérable entre chaque emplacement constituait également un atout de taille, la sécurité sanitaire faisant partie du top 3 des priorités durant ces vacances. Toutefois en dépit de la distanciation sociale en vigueur au cours de cette période pandémie, le côté convivial et humain du camping a également joué en sa faveur. En effet, après des mois de confinement, le besoin de contact humain et de se rassembler était prégnant.
La crise sanitaire a également permis d’accélérer l’évolution de certaines composantes de l’offre, notamment sur le volet de la digitalisation. En effet, l’hôtellerie de plein air accusait un certain retard sur cette thématique au regard de l’hôtellerie classique. Mais à présent les campings revoient leurs copies dans leur gestion client à distance grâce à l’arrivée de nombreux outils BtoB offrant une gestion commerciale plus facile, précise et efficace ainsi qu’un gain de temps considérable. On retrouve ainsi les logiciels de réservation en ligne, les solutions de relation client et de fidélisation, la sécurisation des données ou encore les solutions de suivi de performance des établissements. Nombreux sont aussi les campings à proposer désormais une connexion wifi gratuite qui répond aux attentes des nouvelles clientèles plus jeunes et connectées.
Comme le souligne Nicolas Dayot, les campings ont conservé leurs parts de marché durant ces deux années et l’ont même accentué en passant de 48% avant Covid à 52% pendant, soulignant encore une fois la résilience dont a su faire preuve le secteur. Et les premiers chiffres communiqués pour l’année 2022 sont tout aussi encourageants, laissant présager une saison sous les meilleurs auspices. Selon le baromètre mensuel Sequoiasoft, les réservations ont grimpé en flèche ces derniers mois. Les réservations faites entre octobre 2021 et février 2022 contre celles effectuées entre octobre 2020 et février 2021 ont augmenté de 102%. Quant aux chiffres d’affaires, il est de 97% supérieur à la même période de l’année dernière. Si les Français restent majoritaires en affichant 62% du volume globale des réservations enregistrées, les réservations des marchés émetteurs européens sont en nette augmentation.
Le secteur de l’hôtellerie de plein air a su au fil du temps se réinventer et se structurer, notamment avec l’arrivée des fonds d’investissements, afin de ne pas rester figé mais au contraire d’évoluer avec les changements sociétaux majeurs et la professionnalisation du marché de l’hospitality. Indépendants et groupes essaient aujourd’hui de développer des offres et des services répondant aux attentes des clientèles historiques comme des nouvelles clientèles émergeantes à travers la montée en gamme du secteur. Un marché en constante évolution avec de nombreuses acquisitions et fusions qui poussent sans cesse les professionnels à se remettre en question et à s’améliorer. Les pistes d’évolution s’offrant aux acteurs de l’hôtellerie de plein air sont encore multiples. Toutefois un accompagnement consolidé de la part du gouvernement et des organismes touristiques ne pourrait être que bénéfique, notamment vis-à-vis des réglementations actuelles restreignant à la fois le développement du parc et de nouvelles offres.
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Hôtellerie de plein air : décryptage d’un marché en perpétuelle évolution