Multiplexe Neyrpic / Afin damliorer loffre cinmatographique territoriale , la Mtropole soutient depuis peu limplantation de deux cinmas Saint-Martin-dHres (projet dj sur la table il y a trois ans) et Fontaine. Une annonce qui pose question alors que le septime art traverse une crise sans prcdent, avec des chiffres de frquentation en berne.
Le projet a refait surface au cours dune confrence de presse inattendue le 13 septembre dernier. La construction dun cinma multiplexe au cur du futur centre commercial martinrois Neyrpic (inauguration prvue fin 2023) est revenue sur la table, dfendue on sen doute par le maire de Saint-Martin-dHres David Queiros mais aussi on sen doutait moins par Christophe Ferrari, prsident de Grenoble Alpes Mtropole. Car celui-ci semblait moins emball il y a trois ans, lorsquun premier projet de 12 salles et 2300 spectateurs, port par loprateur UGC, avait t prsent et schement retoqu: rejet de la Mtropole, avis dfavorable de la Drac (Direction rgionale des affaires culturelles), refus de la Commission dpartementale damnagement cinmatographique (CDACi) suivie par la Commission nationale (CNAC) quelques mois plus tard. Un camouflet justifi par la taille juge trop importante du cinma, risquant de bouleverser lquilibre territorial de loffre cinmatographique.
lire aussi : Salles vides
On en tait rest l, mais une tude du cabinet dexpertise Hexacom, commande par la Mtro, a relanc la machine. Date de juin 2019, celle-ci prconisait plutt limplantation de deux miniplexes : lun Saint-Martin-dHres entre 1200 et 1400 places, rpartir en 7 ou 8 salles, lautre Fontaine entre 1000 et 1200 places, rpartir en 6 ou 7 salles . Ce rapport a donc t suivi pour mettre au point un nouveau projet prvoyant limplantation dun cinma Fontaine de 1000 1100 places (pas avant quatre ans) en complment du multiplexe de Saint-Martin-dHres dont le calibrage a t revu la baisse: 9 salles pour 1500 fauteuils, soit une salle et 100 spectateurs de plus que les conclusions dHexacom. Depuis, UGC a jet lponge, remplac par Megarama, un oprateur qui est prt prendre en charge la construction des deux cinmas et qui, par rapport UGC, investit peu le champ art et essai dans sa programmation, ce qui va permettre damliorer loffre du territoire de faon complmentaire, estime Christophe Ferrari. David Queiros, quant lui, a la conviction que ce cinma va rduire les ingalits sociales et spatiales Saint-Martin-dHres. La deuxime ville de la mtropole, qui prsente un faible revenu par habitant et une faible richesse fiscale, a le droit de pouvoir porter des projets de dveloppement. Un cinma, a gnre de lanimation et de lattractivit.
Un secteur en crise
Sauf que cette annonce intervient dans un contexte plus que morose pour le septime art qui souffre dune baisse de frquentation indite depuis la crise sanitaire. Au mois de septembre, celle-ci a subi une inflexion de 33, 6% par rapport la moyenne 2017-2019, soit le plus bas niveau enregistr pour un mois de septembre depuis 1980 (premire anne des statistiques mensuelles) aprs 2020 , souligne le CNC. Face la concurrence des plateformes de vido la demande, une partie du secteur se mobilise pour alerter les pouvoirs publics sur la situation. Difficile donc de ne pas sinterroger sur limpact dun nouveau multiplexe de neuf crans sur les autres cinmas de lagglomration, notamment Mon Cin (petite salle municipale martinroise), le Path Chavant (autre multiplexe situ 2 km seulement de Neyrpic), le Mlis, le Club ou encore lEspace Aragon qui capte une bonne partie du public du Grsivaudan Cest un faux dbat! balaye Christophe Ferrari.La concurrence ne se fait pas entre les cinmas mais contre les plateformes. On ne va pas fragiliser les autres cinmas car on sait quouvrir de nouveaux quipements culturels participe relancer la frquentation. Cest lhistoire de lhumanit ! Un argument malheureusement contredit par ltude Hexacom chre au prsident de la Mtropole : Il nexiste pas de corrlation vidente entre le niveau dquipement et la frquentation, est-il crit dans le rapport.
Dni de la ralit頻
On assiste un dni de la ralit et une mconnaissance du secteur de la part des lus, regrette Bruno Thivillier, directeur du Mlis et co-prsident de lAcrira, rseau rgional regroupant 70 cinmas art et essai, indpendants et de proximit.Pour la premire fois, des salles sont sous la menace relle et directe dune fermeture, la situation est trs nouvelle et trs inquitante. Il faut rappeler que lagglomration grenobloise est dj bien pourvue en termes doffre cinmatographique avec une concurrence trs forte. Lquilibre est juste mais prcaire. On nest pas forcment contre de nouveaux projets mais larrive dun nouvel oprateur doit tre rflchie de manire plus approfondie, spcifiquement en ce qui concerne le calibrage. Neuf crans, et srement plus avec Fontaine, entraneront ncessairement un bouleversement. Surtout face un gros acteur comme Megarama qui jouit dune marge de manuvre plus importante, notamment pour ngocier les films auprs des distributeurs.
Des tarifs attractifs?
Si Megarama affiche la volont de se concentrer sur une offre essentiellement gnraliste, il serait erron dimaginer que tout est bien compartiment dans le secteur. Rien nempche loprateur de programmer des films art et essai dits “porteurs”, comme une Palme dor par exemple, investissant ainsi le terrain de salles plus modestes. Autre question : quel sera le positionnement du Path Chavant en concurrence directe sur loffre gnraliste ? Il pourrait dcider de dlaisser ce cur de mtier en favorisant les mtrages art et essai. Dautant que David Queiros nous a laiss entendre que Megarama pratiquerait peut-tre des tarifs infrieurs ceux du multiplexe grenoblois Face toutes ces incertitudes, le maire de Saint-Martin-dHres veut tenir un discours rassurant : Quand le nouveau Mlis sest construit, Mon Cin a souffert les premiers temps. Mais ensuite, les publics se sont rguls.
lheure de la sobrit nergtique, on peut aussi stonner que le choix se porte sur un multiplexe, modle qui date des annes 1990. Ltude Hexacom voque une volution des comportements dune partie des spectateurs qui recherchent davantage de proximit () avec un retour des tablissements ” taille humaine”. Les petites salles menaces aujourdhui par ce projet nont pas hsit investir ces dernires annes pour soigner le public et travailler son renouvellement , rappelle Bruno Thivillier. Autant dlments qui devraient tre abords en CDACi fin novembre/dbut dcembre.
We would love to thank the writer of this article for this remarkable content
Offre cinma dans l’agglo : stop ou encore ?