Ruben Östlund, le dérangeant prodige du cinéma suédois aux deux Palmes d’or

Publié le 23 sept. 2022 à 6:01Mis à jour le 23 sept. 2022 à 9:56

Nul n’est censé ignorer la loi. Le 28 mai 2022, au Palais des festivals de Cannes, Ruben Östlund attend de connaître le sort de « Sans filtre ». Comme tous les cinéastes, il sait que l’institution ne décerne qu’un seul prix par film. Scénario, mise en scène, interprétation… Un à un, les artistes se plient au rituel du « Et le gagnant est ». Pour ceux qui, comme Ruben, restent assis, chaque film récompensé devient un concurrent de moins. Et plus la soirée avance, plus il cogite : cinq ans après « The Square », sa première Palme d’or, le compte à rebours le rapproche-t-il du Graal ou d’une déconfiture ?

Vaguement, le metteur en scène écoute les remerciements. Les Dardenne sont habitués. Pour Claire Denis, c’est la première fois. Autour de 21 heures, Östlund bouillonne. Si ce n’était pas lui ? Ce ne serait pas bien grave. Sans palme, il aura plus de temps pour travailler son prochain projet, l’histoire d’une panique générale à bord d’un vol long-courrier, lorsque tous les écrans vidéo tombent en panne. A 48 ans, il aura d’autres occasions. Au fond, peu importe l’avis du jury. Pourtant, toutes ses réflexions le ramènent au même point : il veut une seconde Palme d’or !

L’enfance rouge

Quelques semaines plus tard, on le retrouve à Paris. La folie du festival est tombée, la promotion autour du monde n’a pas commencé. Le metteur en scène suédois a le temps de songer au parcours qui l’a conduit de la petite île de Styrsö jusqu’à la Croisette, en passant par les Baléares où il vit aujourd’hui. Depuis 2004 et son premier long-métrage, « The Guitar Mongoloid », son travail se nourrit de cette enfance insulaire auprès d’une mère institutrice et communiste.

Ruben Östlund à Paris le 08 juillet 2022.© Dorian Prost pour « Les Echos Week-End »

Styrsö compte environ 1.500 habitants qui vivent essentiellement de la pêche. « C’était un monde chrétien, très conservateur d’un point de vue religieux comme politique, songe Ruben Östlund. Or, chez nous, sur les étagères, s’alignaient des volumes de Marx, Lénine et Mao ornés de la faucille et du marteau. Quand je recevais des copains, je prenais soin de les retourner. Inconsciemment, j’avais compris qu’il y avait là quelque chose de tabou. » Révoltée par les inégalités, Madame Östlund a embrassé le marxisme lorsqu’elle enseignait dans les banlieues pauvres de Malmö. « On retrouve cette éducation dans mes films. Mon frère aîné, lui, est devenu un conservateur de droite (il se définirait plutôt comme ‘libéral ‘). A chaque réunion familiale, nous avons des débats sans fin, parfois très violents… et toujours très amusants. »

Enfant, j’adorais Reagan et Thatcher. Ils avaient un sens de la comédie et de la répartie tel que, devant la télé, je me sentais au spectacle.

Au début de « Sans filtre », dans un restaurant chic, un couple de mannequins se dispute autour de l’addition. Qui doit payer ? Elle, qui gagne mieux sa vie que lui ? Ou lui qui doit assumer son rôle d’homme ? Les répliques fusent comme des flèches de sarbacane. Carl et Yaya s’enferment dans leurs raisonnements et continuent de s’engueuler du taxi jusque dans l’ascenseur de l’hôtel. Elle lui tend un billet. Furieux, il le plie en quatre et le glisse dans la porte. Pas de doute, les joutes politiques familiales ont fait d’Östlund un dialoguiste virtuose. « Le coup du billet, rit-il, est autobiographique ! Cette scène de ménage, je l’ai vécue avec ma femme, à Cannes. 50 euros dorment sans doute toujours au fond de la cage d’ascenseur du ‘Martinez’. »

Au chapitre suivant, Carl et Yaya bronzent sur le pont d’un yacht, en compagnie de divers passagers exubérants. Parmi eux, deux vieux marchands d’armes britanniques, un capitaine américain désabusé joué par Woody Harrelson et un oligarque russe qui définit son business ainsi : « Je vends de la merde. » Lors d’une tempête, les milliardaires vomissent leurs tripes tandis que le magnat du fumier sympathise avec l’aventurier yankee. Ivre mort, le Russe se met à déclamer du Marx et du Reagan.

Le capitalisme expliqué par le poulpe

« Dans les années 1980, poursuit Ruben, le monde était divisé en deux blocs qui ne cessaient de s’envoyer des coups de tête. Enfant, j’adorais Reagan et Thatcher. Ils avaient un sens de la comédie et de la répartie tel que, devant la télé, je me sentais au spectacle. » Des dialogues entiers de « Sans filtre » sont composés de phrases de Ronald Reagan. « Par exemple, il a vraiment dit : ‘Le socialisme ne s’applique qu’au paradis où ils n’en ont pas besoin et en enfer où il est déjà en place.’ C’est pas extraordinaire ? »

Ruben Östlund à Paris le 8 juillet 2022.

Ruben Östlund à Paris le 8 juillet 2022.© Dorian Prost pour « Les Echos Week-End »

La petite société privilégiée de « Sans filtre » finira naufragée sur une île déserte. Parmi les survivants, seule Abigail, femme de ménage philippine, est capable de pêcher et donc d’offrir au groupe un espoir de survie. Le partage d’un tentacule de poulpe, où elle s’octroie à elle seule la moitié du repas, s’inspire des vacances du petit Ruben dans un camp marxiste-léniniste.

« Nos parents passaient la journée à débattre. Nous, les enfants, participions à diverses activités. La scène du repas est tirée d’une pièce de théâtre. Les ouvriers étaient assis en cercle autour du patron qui distribuait leur salaire : ‘Un billet pour toi, un billet pour moi’. Puis il passait au suivant : ‘Un billet pour toi, un billet pour moi’. Exactement comme Abigail le fait dans le film avec les morceaux de poulpe. C’était une façon d’expliquer aux enfants comment le patron se retrouvait avec un revenu 40 fois supérieur à celui de l’ouvrier. »

« The Square », première Palme d'Or de Ruben Östlund.

« The Square », première Palme d’Or de Ruben Östlund.© Bac films

Il y avait quelque ironie à découvrir « Sans filtre » à Cannes, un port où se dandinent des yachts similaires à celui du film. Sur une Croisette bordée de palaces, se croisent des doubles de la femme de chambre Abigail ou du milliardaire « marchand de merde ». De même dans « The Square », sa précédente Palme, Ruben Östlund raillait le milieu de l’art contemporain pas si différent du cinéma. Son héros, un directeur de musée, s’apprête à dévoiler une oeuvre intitulée « Le Carré ». Simple forme géométrique tracée sur le parvis du musée, le « Square » est censé ouvrir un espace de bienveillance et de confiance. Or à quelques jours de l’inauguration, Christian se fait dérober son portable et son portefeuille. Il se lance à la recherche du voleur, autant pris par le besoin de retrouver ses affaires que par une soif de vengeance.

Gare au gorille

La séquence la plus marquante se déroule dans un dîner où un acteur mime un gorille furieux devant une assemblée mondaine d’artistes et de mécènes. D’abord drôle, la performance devient inquiétante puis très violente et la soirée tourne au pugilat. En écrivant ce passage, Östlund pensait déjà à Cannes. « J’avais l’ambition de filmer une salle de smokings puis confronter cette séquence à une autre salle de smokings : le grand théâtre Lumière du Palais des festivals de Cannes ! »

Le stratagème a dépassé ses attentes. Le 28 mai 2017, Ruben Östlund reçoit sa première Palme des mains de Pedro Almodóvar. L’instant est étonnant : une fois sur scène, ivre de joie, le cinéaste prend la main sur le réalisateur de la cérémonie. « Puisqu’on est tous sur notre 31, lance-t-il, je vais demander aux caméras de se tourner vers le public. » Dans la régie, l’équipe technique de Canal+ hésite… puis s’exécute. Enfin, dans un geste surprenant, Östlund invite 2.300 spectateurs à pousser un grand cri sauvage tandis qu’il sautille comme un cabri. « Lorsqu’on reçoit un prix, je sais qu’il est de bon ton de prendre l’air très détaché, de faire comme si nous n’étions pas lancés dans une compétition. Moi, je ne supporte pas qu’il ne se passe rien. Quand on monte sur une scène, il faut créer un moment, faire quelque chose d’amusant. »

Ruben Östlund, le 28 mai 2017, pousse son « cri primal de joie » après avoir reçu sa Palme d'or des mains de Pedro Almodóvar (à gauche, avec Juliette Binoche).

Ruben Östlund, le 28 mai 2017, pousse son « cri primal de joie » après avoir reçu sa Palme d’or des mains de Pedro Almodóvar (à gauche, avec Juliette Binoche).© Alastair Grant/AP/SIPA

Deux ans plus tôt, en recevant un Guldbagge Award, prestigieuse récompense suédoise, pour « Snow Therapy », Östlund avait répété le happening cannois : retourner les caméras vers la salle et la faire hurler.

Le canular du « Trump Hotel »

Le cinéaste met aussi volontiers en scène ses défaites. Porté par son succès public et critique, « Snow Therapy » aurait dû représenter la Suède aux Oscars. Lors de l’annonce des nominations, Östlund se filme avec son producteur Erik Hemmendorff dans une chambre du « Trump Hotel » de Manhattan. La litanie des nominés défile, le metteur en scène croque nerveusement une pomme en marmonnant : « T’en as pas marre, toi, de voir leurs têtes ? » Arrive la catégorie « film étranger » ; « Snow Therapy » n’est pas sélectionné. Dépité, Östlund disparaît du champ de la caméra et soudain on l’entend hurler comme un bébé. Hors champ, Erik tente de le ramener à la raison : « Ruben ? Respire, Ruben ! Non, Ruben, n’enlève pas tes vêtements ! »

Ce petit film ahurissant est une fiction : le son a été postsynchronisé et le canular diffusé sur la chaîne YouTube de Plattform Produktion, la société d’Östlund et Hemmendorff. Certains l’on prit au sérieux. Parmi les commentaires il est écrit : « La prochaine fois, soyez plus humbles ! » Ou encore « Dans l’hôtel de Trump ? Ce réalisateur a perdu toute crédibilité. #Résistance ». Ce gag Internet rejoint le thème de ses grands films : les frontières de l’instinct primaire. Dans « The Square », l’homme-singe éveille la bestialité des invités, déchire le rideau des apparences pour révéler les animaux derrière les habits de soirée. Dans « Sans filtre », l’île renvoie les naufragés aux origines de l’humanité : « La puissance de la nature efface la ‘civilisation’ ou l”éducation’ qui nous habite », constate Östlund.

La parabole de l’avalanche

Longtemps, il a caressé l’idée d’une expérience théâtrale où des acteurs, entièrement nus, joueraient des singes. « Je voulais voir ce qu’il se passe lorsqu’on ôte aux humains les attributs de la civilisation : les vêtements et le langage. Comment réagiraient les comédiens ? Et les spectateurs ? » Si le projet a fait long feu, ses films poursuivent ses interrogations : « Tous posent cette question : comment se comporter face à un problème ou un danger ? Théoriquement, nous savons ce que nous devons faire. Des films, des livres nous montrent l’exemple de héros courageux. Pourtant, une force irrésistible nous pousse ailleurs. Vous souvenez-vous du naufrage du ferry ‘Sewol’ en Corée du Sud en 2014 ? J’ai été passionné par l’histoire d’un professeur. Plusieurs lycéens de sa classe sont morts à bord du ferry, mais lui a survécu. Plus tard, en repensant à ce qu’il aurait dû faire, ce professeur s’est suicidé. Voilà qui est intéressant : à un moment, l’instinct de survie le pousse à abandonner le navire. Puis, une fois hors de danger, une autre voix prend le dessus et va le conduire à se tuer. Cette question me taraude : quel autre être vivant connaît un sentiment de honte plus puissant que l’instinct de survie ? »

« Snow Therapy », Ruben Östlund (2014).

« Snow Therapy », Ruben Östlund (2014).© Beofilm/Coproduction Office/Coll. ChristopheL

C’est dans « Snow Therapy » que l’on trouvera la séquence la plus emblématique de son cinéma : une famille à la terrasse d’un restaurant, au pied des pistes, dans les Alpes. Soudain, au loin, survient une avalanche. Le père commente : « C’est une avalanche contrôlée. Ils savent ce qu’ils font. » La neige approche à toute vitesse. La mère s’inquiète. Peut-être faut-il se mettre à l’abri ? Entêté, le père répète que l’avalanche est « contrôlée »… L’évidence s’impose trop tard : rien n’est contrôlé, la neige envahit tout et le père détale en enjambant ses enfants.

Cette séquence extraordinaire résonne avec les débuts de Ruben Östlund qui a commencé sa carrière en réalisant des films de ski. Cependant, lors de la pandémie de Covid-19, l’instant prendra sur les réseaux sociaux une signification nouvelle. Soudain, les images se détachent du film pour symboliser l’aveuglement des autorités : « Cette avalanche nous raconte comment l’on passe de l’émerveillement à la panique. Et à quel point cette frontière est mince. Deux secondes séparent deux sentiments totalement opposés. Sans bien sûr penser qu’elle servirait un jour à illustrer une pandémie, je savais que cette image pouvait avoir valeur de parabole et représenter bien plus qu’une catastrophe naturelle. »

Les personnages d’Östlund, particulièrement les hommes, sont généralement lâches. Il est à la fois leur procureur et leur meilleur avocat : « Je leur pardonne toujours car je ne veux pointer personne du doigt, ni accuser aucun individu en particulier. Seul le contexte m’intéresse. Car c’est le contexte qui détermine les comportements. Dans ‘Snow Therapy’, Thomas abandonne sa famille. Mais s’il s’était trouvé de l’autre côté de la table, dos à l’avalanche, peut-être aurait-il réagi autrement. Qui sait s’il n’aurait pas pris son fils sous son bras en s’enfuyant ? Hélas, nous vivons dans une culture où l’on cherche des explications au niveau individuel. On divise le monde entre méchants et gentils, lâches et courageux, etc. Voilà comment les informations nous sont présentées par les médias, exactement comme dans un film américain. »

Tout est sous contrôle

Passé 21 heures, sur la scène du Palais des festivals, Jerzy Skolimowski, Prix du Jury, a cité les ânes du casting de son drôle de film « Hi-Han » et Carole Bouquet a roulé un patin au président Vincent Lindon. L’heure de la Palme a sonné : Ruben Östlund pour « Sans filtre » ! Pris d’un léger vertige, le Suédois remercie son équipe avant de reproduire ce rituel qu’il nomme désormais le « cri primal de la joie ». Ainsi entre-t-il dans le cercle très privé des doubles palmés.

Que fera-t-il de cette nouvelle Palme d’or ? La précédente s’est promenée dans les cinémas du monde entier dans un sac de supermarché. « Lors d’une avant-première à l’UGC Cité Ciné Les Halles, je l’ai laissée dans la salle pendant la séance. J’avais prévenu les spectateurs : je m’en vais, si vous voulez prendre la Palme, sachez que personne ne la surveille. » Et quand les lumières se sont rallumées ? « Elle était là ! Vous savez, j’ai fait des variantes de cette expérience en laissant ostensiblement sur un fauteuil mon portefeuille ou mon téléphone portable. On ne m’a jamais rien volé. Une fois au Lincoln Center, mes effets ont disparu… C’est l’attachée de presse du film qui les avait pris par précaution. »

Östlund prolongeait dans la vie l’idée de son « Square » : « Ce carré fonctionne comme un passage clouté. Il suffit de quelques lignes peintes sur le sol pour que la voiture s’arrête. C’est un contrat. Même s’il y a des accidents, il est globalement respecté et cela permet de circuler dans la rue en sécurité. C’est un long travail à mener, mais on peut passer ce type de contrat avec la société. Des gens vous répéteront que c’est ‘plus compliqué que ça’. Je pense le contraire. »

Ruben Östlund à Paris le 8 juillet 2022.

Ruben Östlund à Paris le 8 juillet 2022.© Dorian Prost pour « Les Echos Week-End »

Mi-septembre Ruben Östlund est de retour à Paris. Depuis Toronto, il a assisté à la déroute de la gauche aux législatives suédoises et à la victoire de la droite alliée à l’extrême droite. Selon le cinéaste, la gauche paye notamment le prix de son silence sur des questions d’immigration et d’insécurité. Des sujets que son cinéma a abordés de front. « Peut-être n’en serions-nous pas là si la gauche avait osé s’attaquer à ces problèmes, au lieu de se figer par peur d’être taxée de racisme. Ils n’ont même pas su souligner les apports positifs de l’immigration. La question n’était tout simplement pas abordée. L’extrême droite s’est infiltrée dans ce silence et, aujourd’hui, comme de nombreux pays d’Europe, nous entrons dans une nouvelle ère. »

Le soir précédent, Ruben a appelé sa mère. « Sans doute dans l’espoir de se rassurer, elle me répétait que quelque chose de bien pourrait peut-être sortir de cette situation. » Comme si nous étions en terrasse, face au spectacle d’une avalanche. « Oui, sourit Ruben Östlund derrière ses verres fumés, tout est sous contrôle. Ils savent ce qu’ils font. »

« Sans filtre », de Ruben Östlund, sortie le 28 septembre. Avec Harris Dickinson, Charlbi Dean, Woody Harrelson. Durée 2 h 29.

Les six longs métrages de Ruben Östlund

2004 : « The Guitar Mongoloid » (inédit en France).

2008 : « Happy Sweden ».

2011 : « Play » (inédit dans les salles en France, disponible en VOD).

2014 : « Snow Therapy » (également connu sous le titre « Force Majeure », que Ruben Östlund préfère employer).

2017 : « The Square ».

2022 : « Sans filtre ».

Le cercle des doubles palmés

En recevant sa seconde Palme d’Or pour « Sans filtre », Ruben Östlund est entré dans le club très privé des cinéastes ayant reçu deux fois la récompense suprême à Cannes.

Michael Haneke : « Le Ruban blanc » (2009) et « Amour » (2012).

Ken Loach : « Le vent se lève » (2006) et « Moi, Daniel Blake » (2016).

Jean-Pierre et Luc Dardenne : « Rosetta » (1999) et « L’Enfant » (2005).

Bille August : « Pelle le Conquérant » (1988) et « Les Meilleures Intentions » (1992).

Shohei Imamura : « La Ballade de Narayama » (1983) et « L’Anguille » (1997).

Francis Ford Coppola : « Conversation secrète » (1974, la Palme s’appelle encore Grand Prix) et « Apocalypse Now » (1979).

Jusqu’à présent, aucun cinéaste n’a reçu trois Palmes d’or.

We wish to give thanks to the writer of this write-up for this outstanding content

Ruben Östlund, le dérangeant prodige du cinéma suédois aux deux Palmes d’or