Après une année encore bien chargée, les grandes vacances ont débuté pour les enfants ce jeudi 7 juillet, entraînant dans leur sillage leurs parents. Mais que vous partiez ou non, ces moments sont propices à la lecture. Que l’on choisisse de s’évader en tournant les pages sur son canapé ou au soleil sur la plage, voici quelques idées d’ouvrages à vous mettre entre les mains, proposées par les productrices et producteurs de France Culture. Mais aussi les idées de nos internautes à la toute fin de la page 😊.
Théra de Zeruya Shalev : “Ce roman fouille au plus profond de nos contradictions”
Sonia Kronlund, productrice des Pieds sur terre, vous recommande Théra de Zeruya Shalev (Folio, 11,60 euros) et le roman graphique L’Accident de chasse de David L. Carlson (Sonatine, 20,99 euros).
C’est l’anatomie bouleversante d’une séparation, racontée à travers le monologue intérieur d’une archéologue, spécialiste de Théra, une civilisation engloutie dans une gigantesque éruption, à l’image du désir de la narratrice, atomisé par la douleur de la rupture.
“Parce que Théra fouille nos contradictions, nos petitesses et les frustrations de la vie de couple et de la vie de famille, sans concession ni sentimentalisme. Parce que ce roman de 500 pages se passe à Jérusalem et qu’il est irrigué de références bibliques. Zeruya Shalev est à mon sens une des voix les plus puissantes et les plus singulières de la littérature israélienne contemporaine.”
L’Accident de chasse de David L. Carlson : “Un roman graphique sombre et captivant, érudit et intelligent”

À Chicago dans les années 60, un jeune garçon découvre que son père n’est pas devenu aveugle suite à un accident de chasse mais à cause d’un braquage qui a mal tourné et qui lui a valu de purger une longue peine de prison. Le père décide alors de raconter à son fils son passé.
“Parce que ce premier roman graphique en noir et blanc est inspiré d’une histoire vraie. Qu’il est à la fois sombre et captivant, érudit et intelligent. Qu’il parle de rédemption à travers la littérature, de prison et d’enfance. Et que le dessin est fort inspiré !”
Société Monte-Christo, de Guy-Patrick Sainderichin : “Une charge politique d’une drôlerie féroce”
Arnaud Laporte, producteur d’Affaires culturelles, vous recommande le roman Société Monte-Christo de Guy-Patrick Sainderichin (19 euros, éditions de l’Olivier) et la BD La jeune femme et la mer de Catherine Meurisse (13,99 euros, Dargaud).
Une organisation secrète, baptisée ainsi en mémoire d’Edmond Dantès, oeuvre à accomplir des vengeances altruistes. Thierry Limousin, producteur de télévision sans scrupules, et François Fredonnet, arrogant patron du Consortium des minerais et métaux, seront les premières cibles de cette société “Monte-Christo”.
Ancien membre du collectif de cinéma militant d’extrême-gauche Cinélutte, Guy-Patrick Sainderichin est ensuite devenu scénariste (on lui doit notamment la saison 1 de la série “Engrenages”). Primo-romancier à 72 ans, il livre un roman réjouissant sur le fond, et séduisant sur la forme, véritable charge politique et en même temps extrêmement drôle. Une lecture parfaite pour savourer l’été.
La jeune femme et la mer de Catherine Meurisse : “À lire et relire, en écho avec le dernier rapport du GIEC”

Une dessinatrice française arrive à la Villa Kujoyama à Kyoto pour une résidence d’artiste dont l’objectif est de “peindre la nature”. Ce ne sera pas si simple. Croisant sur sa route une jeune femme, un vieillard et un tanuki, elle devra remettre en question la place de l’homme dans la nature.
C’est une question obsessionnelle pour Catherine Meurisse : où trouver la beauté ? La réponse est ici limpide : dans la nature et dans la culture ! Avec ses outils de prédilection, la plume et l’encre de Chine, mais aussi des touches d’aquarelle, elle nous offre une plongée panthéiste dans des paysages sublimes. À lire et relire, en écho avec le dernier rapport du GIEC.
Gioconda, de Nikos Kokantzis : “Une histoire qui fait revivre la Thessalonique des années 1940”
Perrine Kervran, productrice de La Série documentaire, vous recommande le roman Gioconda de Nikos Kokantzis (15 euros, éditions de l’Aube) et la BD Se rétablir de Lisa Mandel.
Quelques mois au cours desquels deux jeunes gens découvrent l’amour et la sensualité dans la Thessalonique des années quarante, une histoire terriblement vivante mais que la violence de l’histoire va transformer en une passion fugace et tragique, puis en un souvenir fantomatique.
Parce que c’est l’unique livre d’un homme qui a voulu raconter son premier amour, qui pour Gioconda, une adolescente grecque qui mourut en déportation à Auschwitz, fut le seul. Kokantzis ne voulait pas qu’avec lui le souvenir de cette jeune fille aimée ne disparaisse pour toujours.
Se rétablir, de Lisa Mandel : “Une manière inédite de parler de la souffrance psychique”

Lisa Mandel dans une bande dessinée documentaire drôle, terrible et délicate, rencontre des hommes et des femmes de tous âges et de tous milieux qui racontent à la première personne leur parcours du combattant face à l’institution psychiatrique et la façon dont ils se sont rétablis.
“Parce que c’est une manière inédite de parler de la maladie psychiatrique du point de vue de ceux qui l’ont l’apprivoisée et qui cohabitent avec elle.”
Comment pense un savant ? de Jean-François Bert : “On ne s’intéresse jamais assez aux perdants sublimes”
Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur de La Compagnie des œuvres vous recommande Comment pense un savant ? de Jean-François Bert (20 euros, Anamosa) et la bd Bien sûr, monsieur Proust de Chloé Cruchaudet (12,99 euros, Soleil).
D’un savant de l’époque des lumières, Georges-Louis Lesage, qui a accumulé un nombre incalculable de notes sur tout un tas de sujets sans jamais réussir à percer dans aucun domaine. Son œuvre, magistrale quoique stérile a priori, n’aura consisté qu’en la rédaction, l’étiquetage et l’archivage de ces dizaines de milliers de fiches.
“On ne s’intéresse jamais assez aux perdants sublimes. Jean-François Bert raconte la valeur d’une vie qui n’est pas restée dans les mémoires. Il en profite pour réfléchir sur la difficulté d’organiser sa pensée.”
Bien sûr, monsieur Proust (tome 1) de Chloé Cruchaudet : “Raconter Proust à travers sa complicité avec sa gouvernante”

Une biographie romancée de la célèbre gouvernante du plus célèbre des écrivains français.
En cette année proustienne (nous célébrons en 2022 le centenaire de l’auteur d’À la recherche du temps perdu), Chloé Cruchaudet a eu la belle idée de raconter la complicité entretenue entre Marcel Proust et sa gouvernante, Céleste Albaret, à qui l’écrivain racontait tout. Et l’idée encore meilleure de creuser la vie de cette femme de l’ombre.
Mathematica, une aventure au cœur de nous-mêmes de David Bessis : “Un livre de développement personnel pour apprendre à faire des maths”
Caroline Broué, productrice des Matins du samedi et des Bonnes choses, vous propose de lire Mathematica, une aventure au cœur de nous-mêmes de David Bessis (19,90 euros, Seuil) et la BD Ecoute, jolie Marcia de l’auteur brésilien Marcello Quintanilha (24 euros, éditions çà et là).
De maths ! Mais de maths telles qu’on n’en a hélas jamais faites, de la beauté et de la poésie des mathématiques, de leur simplicité aussi ! David Bessis démontre, exemples et anecdotes à l’appui, que les maths sont, à rebours des idées reçues et de leur enseignement, une expérience “sensuelle et charnelle”, à condition qu’on veuille bien suivre son intuition et faire preuve d’imagination. Retrouver l’enfant en nous qui n’a pas peur encore de se tromper, tel est le défi.
“Parce que ce récit autobiographique d’un scientifique est ultra accessible et ludique à la fois. Qu’il est au fond un livre de développement personnel qui vous permettra d’apprendre à faire des maths cet été en famille en vous amusant, et de vous sentir plus intelligent !”
Ecoute, jolie Marcia de l’auteur brésilien Marcello Quintanilha : “Quintanilha est un virtuose du récit en images !”

C’est l’histoire d’une infirmière, Marcia, qui travaille dans un hôpital de Rio. Marcia est une femme de caractère bien en chair, dévouée, toujours de bonne humeur, mais capable de se transformer en guerrière quand il s’agit de sauver sa fille qui fricote dangereusement avec les gangs de la favela où elles vivent.
“Entre la critique sociale et le thriller, c’est un album très fort qui fait passer le lecteur par toutes sortes d’émotions. Les personnages sont vrais à en être troublants, et en plus c’est beau, avec des aplats de teintes acidulées. Peau mauve des personnages, ciel vert pomme, immeubles jaune citron. Quintanilha est un virtuose du récit en images !”
La liberté ou rien d’Emma Goldman : “Pour découvrir une féministe des années 20 qui a anticipé les grands enjeux de notre époque”
Géraldine Mosna-Savoye, productrice des Chemins de la philosophie et du Carnet de philo, vous recommande le roman La liberté ou rien, de Emma Goldman (18 euros, Lux Editeur) et la BD Fantomar de GAD (6,99 euros, Fluide glacial)
Connaissez-vous Emma Goldman, surnommée “la femme la plus dangereuse de l’Amérique” par l’ancien directeur du FBI J. Edgar Hoover ? Grâce à cette anthologie, vous ne saurez pas tout d’elle, mais vous découvrirez l’oeuvre de cette anarchiste, féministe, l’une des premières à plaider pour une émancipation intérieure des femmes. Car oui, pour Emma Goldman, la liberté des femmes ne commence pas dans les urnes, avec le droit de vote, mais dans l’âme. Discutable mais passionnant !
“Ces textes ont été une véritable découverte… voici, dès les années 20-30, une féministe libre et à contre-courant qui, loin de se soumettre à une cause, a anticipé tous les grands enjeux de notre époque : la dimension politique de l’espace domestique, la libération sexuelle, la contraception… Avec cette question brûlante : comment militer sans renoncer à la vie et à la joie ?”
Fantomar de GAD : “Si on aime la jungle, les idiots et la poésie, c’est la BD idéale”

Fantomar se présente ainsi : “196 cm de charisme, 113 kilos de muscles et des poings qui font la taille de la tête d’un nouveau-né.”… Surnommé aussi le “fils de la jungle“, on suit ses aventures face à des monstres, de méchants bandits et sa propre impuissance…
“Si on aime la jungle, les grands idiots et la poésie, c’est la BD idéale.”
Les Nétanyahou de Joshua Cohen : “Un roman d’invasion domestique hilarant”
Romain de Becdelièvre, producteur de la chronique La Pièce jointe vous recommande le livre Les Nétanyahou, de Joshua Cohen (15,99 euros, Grasset) et la BD Blotch de Blutch (18 euros, Fluide glacial).
De quoi ça parle ?
Un beau jour de la fin des années 50, le professeur Ruben Blum voit débarquer dans sa paisible université provinciale, et au sein même de sa famille, un certain Ben-Zion Nétanyahou. Avec sa femme et ses trois enfants (dont un certain Benjamin), ils vont semer le chaos chez les Blum.
Pourquoi ce choix ?
“Parce que c’est un roman d’invasion domestique hilarant, une réflexion sur l’histoire et les différents passages du temps. L’université Columbia de New York lui a même remis le prix Pulitzer cette année.”
Blotch de Blutch : “Une réflexion sur les aigreurs artistiques et politiques de l’entre-deux guerres”

De quoi ça parle ?
Nous sommes dans les années 30, et dans le magazine Fluide Glacial sévit un caricaturiste médiocre, infect, et persuadé qu’il est un génie. Il s’appelle Blotch.
Pourquoi ce choix ?
“Pour les traits magnifiques de Blutch en noir et blanc, la transposition et les anachronismes, et la réflexion sur les aigreurs artistiques et politiques propres à l’entre-deux guerres, et au-delà.”
Personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert : “Un texte vivifiant”
Marie Richeux , productrice de l’émission Par les temps qui courent, vous recommande Personne ne sort les fusils, de Sandra Lucbert (6,20 euros, Points) et le livre de photographies d’Alessandra Sanguinetti The Adventures of Guille and Belinda and the Enigmatic meaning of their dreams (60 euros, via Amazon).
Du procès de France Telecom-Orange qui s’est tenu de mai à juillet 2019. Pendant plusieurs semaines, des dirigeants de l’entreprise, accusés d’avoir organisé la maltraitante de leurs salariés, sont interrogés longuement sur leurs pratiques d’encadrement. Il est donc question de travail mais surtout de langage (gelé) et de littérature. Kafka, Klemperer, Arendt, Rabelais, Melville passent à toute vitesse dans ce livre qui n’en manque pas (de vitesse).
“Parce que ce texte est vif et vivifiant. Le simple récit de ce procès très particulier (France Telecom et ses trois anciens dirigeants y sont reconnus coupables de harcèlement moral institutionnel) est dépassé au profit d’une réflexion essentielle sur ce qui peut advenir quand les mots et le travail sont vidés de leur sens. Je l’avais lu l’été de sa sortie en 2020, il reparaît en poche chez Points. A lire près d’une rivière fraiche.”
The Adventures of Guille and Belinda and the Enigmatic meaning of their dreams d’Alessandra Sanguinetti : “Un de mes livres préférés !”
De l’été. Et de ce que c’est que de grandir. Pendant plus de deux décennies, Alessandra Sanguinetti a photographié la vie de Guillermina et Belinda, deux cousines vivant dans la campagne argentine, alors qu’elles traversaient l’enfance et la jeunesse vers la féminité. Elle se baignent, se déguisent, caressent des animaux, jouent la comédie dans des décors à la fois modestes et mystérieux.
“C’est simple, c’est un de mes livres préférés ! Il démontre la puissance de certaines séries photographiques qui peuvent vous hanter des années comme le font les grands romans. Je n’aime pas forcément toutes les images mais l’ensemble est follement singulier. Il décrit avec acuité ces relations d’été qui vous apprennent à vivre. Je rapproche cet univers de celui d’Alice Rohrwacher, de son film Les Merveilles par exemple. A feuilleter à l’ombre.”
La fabrique des lendemains de Rich Larson : “Une science-fiction passionnante, politique et diverse”
Nicolas Martin, producteur de l’émission La Méthode scientifique vous propose le roman de SF de Rich Larson, La fabrique des lendemains, et la BD Les Invisibles de Grant Morrison.
D’un monde de demain, dans un futur pas si lointain que ça, où les implants cybernétiques, les néandertaliens génétiquement ressuscités, la possibilité de transférer son esprit dans un autre corps sont devenus le quotidien de l’humanité. Ce sont 24 récits courts, sans lien direct les uns avec les autres, mais qui tissent une trame sombre et passionnante du devenir de nos sociétés hyper technologiques.
À tout juste 30 ans, Rich Larson a déjà écrit plus de 200 nouvelles et quelques romans. Il écrit une science-fiction toujours passionnante, politique, vive et diverse, et est l’un des auteurs de cette nouvelle génération qui explore, avec un regard singulier, les grands thèmes de la SF, et notamment le cyberpunk, en les renouvelant en profondeur.
Les Invisibles de Grant Morrison : “Une bombe contestataire qui fait exploser l’univers traditionnel des comics”

De tout temps ont existé des groupes d’Invisibles, cinq personnes qui dans l’ombre tâchent d’empêcher des puissances normatives de soumettre l’humanité. Lorsque le groupe de King Mob perd l’un de ses membres, il va partir à la recherche d’une nouvelle recrue pour le remplacer, en la personne de Jack Frost, un adolescent irlandais punk.
Grant Morrison revisite totalement le mythe des super-héros avec cette série qui emprunte autant à la philosophie qu’à la littérature classique, psychédélique ou aux grands mythes populaires contemporains. C’est à la fois un manifeste punk, une plongée dans un univers foisonnant et chaotique, une expérience narrative toujours inattendue, et une petite bombe contestataire qui fait exploser en mille morceaux l’univers traditionnel des comics.
La Gana, de Fred Deux : “L’expression “chef-d’oeuvre méconnu” est souvent galvaudée, mais pas ici !”
Zoé Sfez, productrice de l’émission La Série musicale, vous recommande le livre de Fred Deux, La Gana (25 euros, éditions Le Temps qu’il fait)
Le récit d’une enfance misérable et merveilleuse dans le Paris populaire du début du XXe sècle. Jean Douassot, alias Fred Deux en littérature, grandit dans une cave inondée par la grande crue de 1910, qu’il partage avec une mère aimante mais tuberculeuse, une aïeule aveugle, un père ouvrier et buveur. Et surtout son oncle clochard céleste, qui, au milieu de la misère la plus crasse, lui apprend à reconnaître et à aimer la beauté.
L’expression “chef-d’oeuvre méconnu” est souvent galvaudée, mais pas ici ! Il faut bien un été pour entrer dans ce livre qui ne ressemble à aucun autre. Autodidacte dans toutes les formes d’art qu’il a pratiquées, Jean Douassot qui excelle d’abord comme graveur se lance dans cette autobiographie à 34 ans seulement, comme pour se purger de toutes les images puissantes qui le hantent et le portent depuis l’enfance. En convoquant un Paris difficile à imaginer tant il est miséreux et violent. Ce faisant, il invente une langue à nulle autre pareil. Car c’est la beauté, que son oncle fou sait trouver dans les plus petites choses, dans la plus grande laideur, qui lui permettra de survivre, et la force de désirer. Se plonger dans le Gana est l’un des meilleurs moyens de se rappeler que l’on en vie, tout simplement !
Tokyo revisité, de David Peace : “David Peace est sans doute le plus grand auteur noir au monde”
François Angelier , producteur de Mauvais genre , vous recommande le roman de David Peace, Tokyo revisitée (16,99 euros chez Rivages) et l’intégrale de Valentina de Guido Crepax (Vol 1 et 2 70 euros chez Dargaud).
À l’été 1949, le corps pulvérisé du directeur des chemins de fer japonais, Sadanori Shidoyama, est retrouvé sur une voie ferré. Nul ne saura jamais les raisons du drame: exécution mafieuse, crime politique, suicide sentimental. Une vérité que tentent néanmoins d’atteindre à différentes périodes, 1949-1964-1980, trois personnages : un flic américain en pleine dérive, un détective japonais et un traducteur proche des Services secrets américains. Après Tokyo année zéro et Tokyo, ville occupée , Tokyo revisitée est le trosième et dernier volet de sa descentes aux enfers japonaise d’après-guerre.
Parce que David Peace est sans doute le plus grand auteur noir au monde, coiffant au poteau son maître Ellroy. Et en matières d’écriture, la sienne est une transe permanente qui désarticule la langue et restitue au plus près la folie des personnages, et de vision, un jeu de massacre sans concession de l’histoire politique du XXe siècle, sombre et d’un pessimisme lyrique totalement désenchanté, Peace, barde du nihilisme contemporain, le 3e et dernier volet de sa trilogie japonaise le prouve de façon éclatante.
L’Intégrale Valentina, tomes 1 et 2, de Guido Crepax : “Un modèle d’imaginaire mauvais genres”

De 1968 à 2003, le dessinateur et graphiste italien Guido Crepax (1993-2003) déploie la saga fantasmatique, onirique et fantastique, de son héroïne Valentina, longiligne, jeune, casquée de cheveux bruns, qui traversent les mondes et les époques les plus variés et endurent les situations et les épreuves les plus rudes.
Pour deux raisons : parce que près de soixante ans après sa création, Valentina reste, à l’instar de Barbarella, Paulette ou Adèle Blanc-sec, une icône de la BD, et le que le trait de Crepax, entre liane grimpante et coup de fouet est une merveille. Ensuite parce que les scénarios de Crepax, qui brassent autant le polar modern style des années 60 que le roman d’aventures fantastiques, est un modèle d’imaginaire mauvais genres.
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Tout un monde lointain, de Célia Houdart : “De l’élégance à chaque page”
Marie Sorbier, productrice de l’émission Affaires en cours, vous propose le roman de Célia Houdart, Tout un monde lointain (9,99 euros, éditions POL).
Nous sommes dans le sud de la France et la Méditerranée tient le premier rôle. Deux jeunes squatteurs prennent possession de la villa E.1027 d’Eileen Gray. Une femme âgée veille sur cet endroit et leur rencontre tendre et fantasque donne vie à des soirées d’été troublantes.
Le livre de l’été sans être un roman de plage. Célia Houdart et ses personnages n’ont de cesse de chercher la beauté. Des paysages odorants méditerranéens, le soleil qui alangui tout, les goûters de fruits… ici la vie quotidienne appelle à la volupté. De l’élégance à chaque page.
Panique générale », de James Ellroy : “Vous allez adorer détester l’abominable Freddy Otash cuisiné par James L.A Confidential Ellroy”
Tewfik Hakem , producteur de l’émission Esprit des lieux et Affinités culturelles, vous propose le roman de James Ellroy, Panique Générale (22 euros, Rivages noir) et la bd Feuilles Volantes, d’Alexandre Clérisse (23 euros, Dargaud).
Les confessions post-mortem de Freddy Otash, flic véreux, maître chanteur, dealer et proxénète dans le Hollywood affriolant des années 50. Si l’affreux et néanmoins sexy Freddy a bien existé, à l’instar des autres personnages illustres et fantasques du roman (Jimmy Dean, Liz Taylor, les frères Kennedy, Ronnie Reagan, Lana Turner, Yves Montand, Rock Hudson… ), tous les faits croustillants concernant leurs sordides vies sexuelles, avérés ou supposés, sont ici repris, romancés, fakenewsés par un bon écrivain au moins aussi tordu qu’eux.
Cet été pas la peine de planquer Voici, gala et autres Détective dans le dernier numéro de Philosophie Magazine. Pour un meilleur ratio de ragots vintages et hollywoodiens, on vous recommande de glisser ce roman dans votre sac de plage, et même pas besoin de le dissimuler ! Vous allez adorer détester l’abominable Freddy Otash cuisiné par James L.A Confidential Ellroy. Freddy le Despote des potins, le Roi de l’effroi, le Sorcier du Scandale! Aussi savoureux que le plus inavouable des plaisirs interdits !
Feuilles Volantes, d’Alexandre Clérisse : “Trois histoires en une seule pour questionner le mystère de la création au fil des siècles”

Trois personnages à trois époques différentes ont le don – à moins que ce ne soit la passion – de raconter des histoires avec des images. Entre Raoul le Moine copiste du Moyen Âge cherchant un procédé d’impression révolutionnaire, Max, le jeune homme du 20e siècle qui veut devenir auteur de bande-dessinée et sa fille Suzie, au 21e siècle, qui passe par la création virtuelle, les histoires et les temporalités s’imbriquent et se confondent…
Trois histoires en une seule pour questionner le mystère de la création au fil des siècles et à travers les initiations et les transmissions. Sans prétention mais avec beaucoup d’imagination ce récit labyrinthique avec ses mises en abyme inspirées est tout à la fois une jolie fantaisie graphique couleurs pastels et un bon conte philosophique pour tous les âges, tous les publics.
Dans le cerveau des comédiens : rencontres avec des acteurs et des scientifiques, d’Anouk Grinberg : “On entre dans la boite noire du théâtre et du cerveau en même temps”
Aurélie Charon, productrice de l’émission L’Expérience et Tous en scène, vous propose le livre d’Anouk Grinberg, Dans le cerveau des comédiens : rencontres avec des acteurs et des scientifiques (22,90 euros Odile Jacob).
Ça lui fait quoi au cerveau, de jouer à la vie ? La comédienne Anouk Grinberg rencontre des amis acteurs, actrices et des neuroscientifiques pour comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur du cerveau quand un comédien joue. Ce que le cerveau vit et retient quand il traverse la fiction sur scène. La différence qu’il fait avec le réel.
C’est absolument passionnant de lire ce que les neuroscientifiques ont à dire aux comédiens et à Anouk Grinberg : voir et imaginer, ce serait à peu près pareil. Sans le vouloir et sans le savoir, on fictionnalise sans cesse. Tout le monde invente la vie ! Et le cerveau ne ferait pas tant la différence entre la vie réelle et la vie imaginée. On entre dans la boite noire du théâtre et du cerveau en même temps.
Retrouvez également l’ensemble des conseils lecture de nos internautes qui répondaient à une question posée sur facebook : Si vous deviez choisir un seul livre à emporter dans votre valise cet été, ce serait lequel ?
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Vacances d’été 2022 : les recommandations livres et BD des producteurs de France Culture